Biodiversité et plastique dans l’eau : que disent les études ?

Cette publication traite d’un sujet en lien avec la pollution plastique et presque « tabou » dans l’aménagement des milieux aquatiques : je veux parler de l’utilisation des plastiques et leur dérivés dans les matériaux de construction qui composent les aménagements aquatiques.
Avant de qualifier les volumes, les matières -polyéthylène (PE), polypropylène (PP), PET, etc- rappelons qu’il ne s’agit pas ici de désigner des boucs émissaires, ni d’élever nos solutions au rangs de la perfection, mais plutôt de faire la part des choses et de faire comprendre nos choix, dans un esprit de bienveillance.
Rappelons que l’avènement du plastique date des années 60, et qu’il existait auparavant d’autre matériaux, que nous avons oublié. Prenons l’exemple des bouées de mouillage en liège dont certaines société les remettent d’ailleurs au goût du jour.
Il faut d’abord distinguer les installations fonctionnelles pérennes (ponton, marinas, promenade sur l’eau) qui pour des raisons pratiques font usage de plastique (recyclée ou non) dans leur structure, puis les autres solutions (renaturation, décoration, événementielles) dans lequel nous entrons avec nos modules ALOÉ© de végétalisation.
Alors même que les données sur les effets des microplastiques sur la santé humaine via l’eau douce ou consommation de poissons de rivière, manquent encore, de récentes études et rapports alertent sur la dangerosité possible des macro et microplastiques.
État de la connaissance sur les pollutions aux micro-plastiques :
Chaque année, dans le monde environ 450 millions de tonnes de plastiques sont produits . Un chiffre qui devrait atteindre 1,2 milliard de tonnes en 2060, et qui sont rappelés dans le rapport d’audition de mai 2023 « Les enjeux scientifiques du traité international visant à mettre un terme à la pollution plastique » du député Philippe Bolo et de la sénatrice Angèle Préville.
Étude de la mission « Tara Microplastiques », . Pendant sept mois, la célèbre goélette de la Fondation Tara Océan a remonté neuf grands fleuves européens : la Loire, la Seine, le Rhin, l’Elbe, la Tamise, l’Èbre, le Rhône, le Tibre et la Garonne. Au cours de l’expédition, près de 2 700 échantillons ont été collectés et analysés dans 19 laboratoires par 40 chercheurs, sous la coordination du CNRS.
Cette étude montre que tous les grands fleuves européens sont pollués, et à des concentrations jugées « alarmantes » par les scientifiques. C’est l’une des principales conclusions publiées en avril 2025 dans un numéro spécial de la revue Environmental Science and Pollution Research , qui rassemble pas moins de 14 articles scientifiques consacrés à l’étude – de la source à l’impact – des déchets plastiques dans le continuum terre-mer en Europe.
L’étude montre que le polyéthylène représente 45 % des microplastiques retrouvés, suivi du polypropylène, avec 12 %. Elle a examiné les communautés bactériennes de chaque rivière séparément, en accordant une attention particulière à la colonisation d’espèces potentiellement dangereuses, telles que celles susceptibles de provoquer des proliférations d’algues toxiques, des maladies humaines et des champignons.
● L’étude décrit pour la première fois une bactérie pathogène virulente pour l’homme (Shewanella putrefaciens), capable d’infecter les cellules épithéliales intestinales humaines, détectée exclusivement sur les micro-organismes en milieu fluvial.
Rapport scientifique sur la Loire Loire Sentinelle : un Fleuve, une santé. Ce rapport de 2025 établit un l’état des lieux de la contamination microplastique le plus précis et complet, à ce jour, à l’échelle d’un fleuve européen. Parmi les résultats on y apprend que :
● les MP sont retrouvés sur tous les sites d’échantillonnages, des sources à l’estuaire, dans l’eau comme dans le sédiment sur les 140 échantillons collectés en 20 points.
● La pollution microplastique augmente au passage des villes, à la fois en nombre et en diversité et désigne les centres urbains comme des « hot spots de microplastiques »
● Parmi l’ensemble des microplastiques collectés en Loire, une écrasante majorité sont des microfibres , résultat d’une inéfficacité de traitement à la sortie des machines à laver et des stations d’épuration.
● Les micro-plastiques les plus dominants sont le polyéthylène pour 66 % (dont les objets sources sont bouteille, sac, canalisations et tuyau) et le polypropylène pour 26 % (emballage alimentaire, électroménager, mobilier…ect)
Pourquoi il nous faut questionner l’utilisation du plastique comme matière première utilisées dans les milieux aquatiques ?
● Les plastiques se fragmentent en micro et nanoplastiques et s’accumulent dans tous les compartiments de l’environnement pour être transportés en suspension via les cours d’eau, mais aussi piégés dans les sédiments du lit via des mécanismes comme l’hyporhée. Il s’agit là véritablement d’un parcours de la contamination plastiques, qui impacte des zones de hautes sensibilités écologiques et fonctionnelles, des cours d’eau. Les sédiments pour n’en cité qu’une.
● L’exposition aux microplastiques et aux dérivés qu’ils contiennent, ainsi qu’aux polluants et micro-organismes qu’ils transportent, montrent de nombreux effets biologiques qui sont aujourd’hui relatés chez les humain·es et d’autres animaux : (inflammation, perturbation hormonale, cancers…) Des mesures de précaution mériterait d’être prise à ce titre (rapport « Impacts des plastiques sur la santé humaine » en commentaire)
● La Plastisphère, « écosystème » de macro et micro plastique, est désormais connue pour ses interactions avec les communautés bactériennes (biofilm) dont certaines sont dangereuses pour l’homme et l’environnement.
En conclusion , le plastique dans l’eau est une bombe a retardement et dans ces conditions, il paraît désormais clairement inconcevable d’utiliser des matières plastiques qui plus ai dans des projets de renaturation, de jardin sur l’eau ou les arguments de la biodiversité et de la qualité d’eau suffiraient à justifier leur utilisation. D’autant plus fortement que ces installations offrent des conditions d’accueil « 3 étoiles » au biofilm grâce au plantes notamment, et qu’elles deviendraient alors source de pollution micro plastiques et milieux de culture de bactéries pathogènes probable, deux éléments constitutifs de la plastisphère (désigne les microorganismes qui vivent sur les déchets plastiques dans l’environnement)
Pour rappel, nous utilisons depuis 2017, le liège expansé et l’aluminium comme matériaux. Le premier comme flotteur, et le second comme garanties structurelle dans une proportion de 5,4 KG/m² de jardin sur l’eau, ce qui est peu au regard des conditions de flottabilités et garantie que nous proposons.
Etude issu de la fondation Tara océan en lien : https://doi.org/10.1007/s11356-024-35658-9
Rapport Loire sentinelle : https://www.natexplorers.fr/wp-content/uploads/2025/09/LOIRE-SENTINELLE-Rapport-public-pdf-interactif.pdf
Rapport Bolo et Préville : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/ots/l16b1274_rapport-information
📷 ©Noëllie Pansiot Fondation Tara Océan


